Les exosquelettes, font-ils de nous des robots ?
L’ergonomie en Suisse :
Les salariés suisses accumulent de plus en plus de jours d’arrêt pour maladie. Selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS), ces absences sont passées de 176 à 215 millions d’heures entre 2007 et 2017 et un tiers de l’ensemble des journées d’absence est dû à des troubles musculo-squelettiques. A lui seul, l’absentéisme pour troubles de l’appareil locomoteur, provoqués par des conditions de travail peu favorables, coûte environ un milliard de francs par année aux entreprises.
L’ergonomie ne se préoccupe pas seulement de l’adaptation des équipements de travail aux dimensions corporelles ; elle s’intéresse aussi à une organisation du travail à mesure humaine ainsi qu’au contenu et à l’environnement de travail.
Selon les bases légales – OLT 3 et ordonnance sur la prévention des accidents et des maladies professionnelles – l’employeur est tenu de veiller à l’adéquation des postes de travail aux critères ergonomiques.
www.seco.admin.ch/seco/fr/home/Arbeit/Arbeitsbedingungen/gesundheitsschutz-am-arbeitsplatz/Ergonomie.html
En général, on observe que la mise en place de mesures ergonomiques constitue trois atouts majeurs :
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La réduction des troubles musculo-squelettiques et des accidents de travail
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L’amélioration de la qualité de vie au travail (QVT)
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La productivité
En réduisant de manière significative les absences, les solutions ergonomiques sont donc autant profitables pour les employés que pour les employeurs.
Les exosquelettes, une solution ergonomique en plein essor :
Un exosquelette ou squelette externe est une structure externe artificielle et portable pouvant soutenir les personnes et les protéger contre des influences externes.
https://www.cea.fr/multimedia/Pages/videos/culture-scientifique/technologies/histoire-des-exosquelettes.aspx
C’est en 1960 que les premiers tests d’exosquelettes sont lancés pour répondre à des problématiques de handicap, mais aussi pour aider des personnes valides dans des travaux difficiles du domaine industriel.
Dans les années 2000 en Suisse, un 1er exosquelette fixe a été créé pour permettre aux patients en rééducation de marcher à nouveau. Par la suite, l’agence de recherche du département de la défense des États-Unis lance un programme de recherche d’exosquelette à usage militaire, dynamisant ainsi les avancées technologiques du domaine. Celui-ci connaît un essor fulgurant à partir de 2010, notamment dans les centres de rééducation et sur les chantiers.
Aujourd’hui, avec les progrès technologiques, les exosquelettes ne cessent de prendre de l’ampleur dans les domaines de la santé (patients et personnel soignant), de l’industrie, de la défense et des services (exemple de La Poste).
Dans le milieu professionnel, les exosquelettes permettent de répondre à de nombreuses contraintes physiques telles que :
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Le maniement de charge (lourdes, en hauteur, etc.)
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Les mouvements répétitifs
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Les contraintes statiques (position « assis-debout », etc.)
Selon les problématiques à résoudre, il existe plusieurs types d’exosquelettes :
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Les « actifs », ils fonctionnent à l’aide de systèmes robotisés – Image 1.
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Les « passifs », ils fonctionnent par simple action mécanique (élasticité, ressort, etc.) – Image 2 et 3.
Image 3 : c’est le plus petit exosquelette au monde.
Exemple de La Poste sur le site d’Eclépens :
Durant la période de fin d’année 2020, La Poste à fait face à une augmentation de presque 30% de colis par rapport à 2019. Étant déjà engagée dans l’ergonomie des places de travail depuis plusieurs années, une première initiative a été engagée avec ses centres logistiques pour les équiper de robots-dépalettiseurs sur mesure (10 tonnes par jour en moins de port de charges par poste).
Selon Monsieur Nicolas Wüst, responsable technique et projet (et ancien TQ3) « tester des exosquelettes est ainsi, pour nous, une suite logique et complémentaire au précédent projet ! ».
Retour d’expérience de Monsieur Wüst en 6 étapes :
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1. D’abord, définir clairement la problématique en se rendant et en observant le terrain afin d’avoir un échantillonnage représentatif des besoins (clients internes).
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2. Rechercher et sélectionner des modèles d’exosquelettes pour la phase test (passifs et actifs).
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3. Les tester (dans son cas, auprès de 48 collaborateurs volontaires et sur 12 postes différents durant un mois). Un conseil : prévoir un plan d’occupation permettant de disposer d’un exosquelette au bon endroit, au bon moment et auprès de la bonne personne.
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4. Assurer une formation et information qualitative et professionnelle pour chaque testeur, encadré par la responsable SST (Santé et Sécurité au Travail) du site.
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5. Ne pas oublier de faire accompagner les testeurs par un physiothérapeute pendant toute la durée des tests afin d’assurer un bon port des exosquelettes, d’aider les utilisateurs à les utiliser de façon ergonomique et enfin d’évaluer le bénéfice et le ressenti à chaud.
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6. Faire évaluer, par le groupe de projet, chaque modèle d’exosquelette afin de déceler les avantages et les potentiels d’amélioration, à la fin de la période de test.
Visite d’Ergoexpert
Ergoexpert SA procède à l’évaluation et l’analyse des postes de travail, mais offre également des solutions à leur amélioration.
Ils proposent des analyses de la place et de l’environnement de travail permettant d’identifier les facteurs déterminants du travail, de mesurer l’ampleur des contraintes face aux limites légales et les conséquences autant sur la santé du collaborateur que sur l’optimisation de la place de travail.
Leur grille d’analyse se décline en 3 perspectives connues sous l’acronyme T.O.P
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T pour Technique: éclairage, bruit, climat, équipement et outils de travail à disposition
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O pour Organisation: flux et organisation du travail, variété des tâches, partage de travail, flux des informations, régime des pauses.
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P pour Personnel: santé des collaborateurs, bien-être, satisfaction.
Ergoexpert accompagne ses clients dans la mise en œuvre en leur proposant des solutions de postes de travail élaborées conjointement et complétées par l’aménagement et la mise à disposition de moyens auxiliaires adéquats (outils ergonomiques et intelligents, exosquelettes).
www.youtube.com/watch?v=AFPtCIknwks
Exemples de réalisation : établi métier technique, assemblage, chariot de levage, table de scannage, etc.
Remerciements :
Tous nos remerciements à Monsieur Nicolas Wüst, de La Poste à Éclépens, et à Monsieur Roland Zaugg, d’Ergoexpert à Tavannes, pour nous avoir ouvert leurs portes et partagé leurs expériences dans le domaine.
Margot Medjo’o – Responsable en systèmes de management qualité
Titulaire d’un diplôme de responsable Qualité, Sécurité & Environnement (QSE) et d’un master en gestion des risques, Margot Medjo’o a débuté dans l’industrie pharmaceutique d’abord en tant qu’agent de production puis en intégrant le service santé & sécurité. Elle a ensuite rejoint l’industrie papetière comme coordinatrice QSE et responsable sécurité. Elle est spécialisée dans la mise en œuvre des systèmes de management touchant les certifications IFS HPC, OHSAS 18001, ISO 14001 et ISO 9001 v.2015.